samedi 14 juillet 2007

De plein emploi au bon emploi


Pour commencer, je dois avouer mon accord partiel avec huit eurodéputés sur dix si l'on en croit cet article du Monde. Le travail de "shadow president", de toute évidence, relève d'un travail à temps plein. Quant au CDI, concernant ce travail, cela est séduisant, mais est-ce bien raisonnable ?

En attendant, comme vous l'avez certainement remarqué, j'ai beaucoup de mal à assurer le rythme de publication souhaité.

A cela, j'ai découvert qu'il y avait une raison majeure. A force d'être secouée depuis une vingtaine, sinon une trentaine d'années, à coups d'innovation, la société a éclaté. Aujourd'hui, plus que de rassembler - j'y reviendrai -, il s'agit, avant tout, de recoller des morceaux. Du coup, vouloir expliquer qu'il s'agit aujourd'hui de penser différemment l'avenir est une démarche vouée à l'échec. Doublement.

Sur le plan du contenu, d'abord. Pour parvenir à faire prendre conscience de la nécessité de changer nos façons d'aborder les choses, encore faudrait-il convaincre que penser l'avenir et le construire sont des chose non seulement possibles mais éminemment souhaitables.

Avec le risque réel qu'à l'heure où la génération adulte est convaincue que ses enfants vivront moins bien qu'eux-mêmes, l'idée même ne peut-être ressentie que comme de la provocation.

Alors ?

Alors, alors, Sarko est arrivé.

Et s'il a décroché la timbale, c'est moins qu'il ait proposé véritablement un programme politique, qu'un programme d'actions. Ce qui n'est pas du tout la même chose comme, hélas, l'avenir immédiat risque de nous le démontrer.

En attendant, les débats des euro-députés concernant la modernisation du "droit du travail pour relever les défis du XXIème siècle" est exemplaire tant il montre que les questions soulevées par le changement sont posées en des termes qui excluent de trouver, spontanément des solutions.

De fait, à lire cet article, on découvre très vite que la vraie question n'est ni d'ordre juridique, ni même d'ordre économique. La vraie question est d'ordre politique et elle porte tout autant sur la protection des individus que de ceux qui travaillent. Parce qu'en final, la question tourne moins autour de la sécurité de l'emploi que la lutte contre la précarisation du sort de ceux qui travaillent. Pour des raisons humaines, mais pas seulement. Un travailleur précarisé, dans une société à plus de 40% de prélèvements obligatoires, c'est toute l'économie mais aussi toute la politique d'un pays qui se trouvent précarisées.

La vraie question est donc moins le contrat de travail en soi que de savoir qu'elle est la place dans la société de ceux qui travaillent et qui contribuent ainsi au fonctionnement non plus seulement économique mais politique du pays. Cela renvoie une vision beaucoup plus positive que défensive de l'emploi. Elle n'est plus seulement relative au travail. Elle pose la question de sa nature ce qui, dès lors, permettrait d'aborder les questions d'avenir en nous permettant de sortir du paradoxe actuel ou la façon même de penser le travail sur des bases devenues dépassées ne permet plus de penser l'emploi.

Dès lors, s'entendre sur le fait que le "CDI plein temps doit rester la norme" montre bien que les euro-députés ne sont pas encore parvenus - mais les autres aussi par la même occasion - à poser la question dans les bons termes.

Même l'évocation de la situation dans les pays scandinaves, vire à la démonstration que l'on s'enferme dans une logique dépassée. Citation : "L'exemple des pays scandinaves montre clairement que le niveau élevé de la protection contre le licenciement et des normes en matière de travail est tout à fait compatible avec une forte croissance de l'emploi". La question n'est pas de protéger contre le licenciement. La question avant celle-ci est de savoir comment faire en sorte pour que le recours au licenciement ne concerne plus que les comportements individuels. Cela voudrait dire que l'entreprise aurait enfin pris la mesure des changements techniques et de leur impact sur la nature même du travail ce qui demande, effectivement, que l'on cherche moins à préserver ce qui, hier, assurait la valeur économique du travail, mais ce qu'elle est aujourd'hui et plus encore, ce qu'elle devrait être demain.

Encore donc, faudrait-il au moins se poser la question.

Pas évident, mais pourtant se focaliser sur cette question me semble relever d'une démarche vertueuse. Et pour cause. Elle repose sur le développement de ce que chacun à de mieux à proposer dans l'intérêt de tous. Et donc, à commencer par les siens. Cela concerne les employés, les employeurs mais aussi et surtout l'économie des pays. En ce sens cette approche de la question de l'emploi et donc du travail constitue un préalable pour pouvoir traiter de la construction de l'avenir. En d'autres termes, la question de l'emploi ne devrait plus tant se poser en termes de plein emploi, mais de bon emploi. La seule façon, aujourd'hui, de parvenir au plein emploi de tous. Que ce soit au travail ou ailleurs (je pense, ici, au sort fait au travail de la mère de famille au foyer et à celui de l'épouse de beaucoup de commerçants).




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le bon emploi, chaque être humain à sa place, ce qui garantirait une place pour chaque être humain.
Le point d'achoppement étant de reconnaître à chacun la réalité de sa place.

Ce qui caractériserait la démarche ne serait donc pas tant la réalité économique en terme de variable (taux de chômage, seuil de pauvreté) mais plus une démarche qualitative...

Snoopy a dit…

Le point d'achoppement étant de créer un cadre valorisant de façon systématique les spécificités de chacun. Celles qui représentent sa valeur ajoutée optimale pour le groupe et la société.

Cela devrait se faire à travers des réalisations destinées à révéler à chacun et à tous ses qualités.

Ce qui effectivement caractériserait une démarche essentiellement qualitative fondée sur un concept de "développement vertueux" (concept à déposer vous ne trouvez pas ?) et non plus durable qui aborde la question de l'avenir da façon paradoxale puisqu'il n'est question que de régler des problèmes du passé.
C'est en ce sens que je trouve les démarches de Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertand extrêmement dangereuses et perverses. L'avenir n'a de sens que s'il débouche sur une promesse et non sur des menaces. L'avenir est vertueux. Cela implique une pédagogie de l'espoir et de la construction. Pas de la contrition et de la bonne conscience acquise à bon compte. L'avenir réclame un engagement, pas des mesures d'évitement. Ces démarches masquent les vraies questions et interdisent d'aborder l'avenir.