jeudi 16 août 2007

Pourquoi je ne suis pas Nicolas Sarkozy ? Réponse en 300 000 morts/an

Si les vacances sont faites pour prendre du recul, mes vacances, mouvementées à souhait (voir ici), ont déjà bien remplies leur office. Au point, de titrer ce billet "Pourquoi je ne suis pas Nicolas Sarkozy " dans un blog dont le nom même est : "Si j’étais Nicolas Sarkozy ! " Je m’en vais donc vous expliquer pourquoi.


A l’origine de ce constat, il y a cet article du Monde daté du 15 août dernier intitulé : "Le suicide aux pesticides fait 300 000 morts par an dans les campagnes asiatiques. "

Cet article reprend une publication mise en ligne par la revue scientifique de renommée internationale The Lancet. Les auteurs notent ainsi que sur les 500 000 décès par suicides par an estimés dans ces régions, 60 % d’entre eux, soit effectivement 300 000 sont dus à l’ingestion de pesticides. L’étude note qu’en grande partie ces décès pourraient être empêchés si les hôpitaux locaux étaient mieux équipés et les antidotes lorsqu’ils sont disponibles, utilisés.

Ce qui m’étonne le plus, c’est que pas plus l’article du Lancet que celui du Monde pourtant moins spécialisé et plus généraliste, ne pose un seul instant la question de savoir pourquoi 500 000 personnes par an en viennent à se donner la mort, aujourd’hui, dans les campagnes asiatiques.

Pourtant, il me semble qu’il s’agit là de la vraie question. Parce que proposer des solutions techniques efficaces pour lutter contre l’absorption des pesticides ne peut que déplacer le problème. A terme, les candidats au suicide changeront de moyens pour mettre fin à leurs jours. L’important donc, c’est moins l’utilisation détournée des pesticides que les raisons qui poussent, chaque année, un nombre bien supérieur aux 500 000 morts constatés (combien de suicides manqués ?) d’attenter à leur vie.

En attendant, il y a là un système bien huilé dans lequel tout le monde se retrouve. Les scientifiques qui fournissent des connaissances tellement sorties de leur contexte humain que les solutions proposées ne peuvent être qu'aussi simples (sinon simplistes) qu'elles sont à côté des vraies questions ; des politiques qui trouvent là les moyens de donner le change en prenant des mesures d’autant plus spectaculaires qu’elles ne traitent pas du fond des problèmes ; des médias à qui ont fourni ainsi, à moindres frais, matière à faire du sensationnel avec caution scientifique en prime ; et nous, enfin, qui préférons, chaque jour plus que jamais semble-t-il, des "y’a qu’à, faut qu’on" à la marge, aux vraies questions et aux vraies solutions qui bousculeraient nos petites "certitudes " et nos petites habitudes du moment.

S’agiter donc, n’est pas faire avancer les choses. C’est en ce sens que je sens que, sur le fond, je ne peux pas être un Nicolas Sarkozy. Cela étant dit, la France – et même le monde – mérite Nicolas Sarkozy et son « thatchérisme opportuniste » (seule, peut-être Ségolène Royal aurait pu faire mieux, mais on ne le saura pas) ; les Etats-Unis, Georges Bush II ; et la Russie, Vladimir Poutine.

Reste qu’à désespérer, on a toujours tort. Car ce serait compter sans les bonnes volontés qui, soit par grandeur d’âme, soit par nécessité, finissent par s’emparer des vraies questions et à porter, à bout de bras, les vraies solutions. Celles qui répondent aux besoins et aux attentes du présent, mais aussi de l’avenir.