mercredi 27 février 2008

Lettre à un ami américain à propos des élections présidentielles

Vu d'ici, j'ai l'impression qu'Hillary n'est pas en très bonne position - trop rigide, pas assez naturelle et plombée par la présidence de Bill. Obama est "nouveau" et a l'air à l'aise. Maintenant, sera-t-il un bon président ? Ça, c'est une toute autre question.

On est en train de découvrir, ici, qu'être un bon présidentiable ne fait pas un bon président. A la limite, on a même l'impression qu'être un très bon présidentiable aujourd'hui, exclut presque d'être un bon président, tant l'exercice pour y parvenir requiert des qualités de brutalité toutes tournées vers les médias et l'immédiat et non les qualités de douceur, de délicatesse et de fermeté dans la durée qu'exigent les changements importants auxquels sont confrontées l'humanité dans son ensemble et chacune des sociétés qui la compose.

Toute la difficulté réside, aujourd'hui, dans l'obligation d'inverser l'ordre des priorités apparentes. On ne peut traiter de l'immédiat que si on a le cran de penser dans la durée. Un président, quel qu'il soit, ne peut réussir que s'il parvient à penser non pas mondial mais humanité avant que de se laisser submerger par l'immédiat. Il ne peut rien résoudre tout seul. Il appartient, en fait, à chacun de régler ses problèmes. ll appartient au Chef d'un Etat et à son Gouvernement non pas de se substituer à sa population et aux ressources qu'elle représente, mais de lui fournir à elle et à chacun de ses membres, l'envie et les conditions d'exprimer son génie. Et cela commence par proposer une vision d'avenir car on n'entreprend rien de sérieux sans confiance.

C'est donc moins son Premier ministre que l'actuel Président de la République française étouffe. C'est la France, les Français et leur avenir. Si cela ne change pas, son quinquennat risque d'être la plus grande régression que la France ait connue sur le plan des droits de l'Homme et celui de l'esprit républicain. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le Président de la République lui-même qui, chaque jour et à chaque instant, nous le démontre par ses réactions et ses actes. La Présidence de la République ne se gère pas comme un mairie..

Tout ça pour dire que je ne suis pas certain que les candidats américains disposent de la vision requise pour affronter les situations auxquelles le monde et les Etats-Unis ont à faire face. Les Etats-Unis ont pour eux, par contre, des dispositifs de sécurité qui devraient empêcher le développement d'un sarkozisme puisque, plus ça va et plus ce sont les excès et les atteintes aux règles républicaines qui caractérisent l'exercice de la Présidence de Nicolas Sarkozy.

Effectivement, où que ce soit aujourd'hui, la désignation de son responsable politique suprême relève d'un véritable défi pour chaque population (nation ?) et ne peut que soulever l'inquiétude chez les autres. Que ce soit Obama ou Clinton, aucun des deux candidats ne me rassure sur ce point et donc, pire encore, ne m'emballe. L'avenir reste sombre.

Voilà ce que m'inspire, aujourd'hui, la campagne présidentielle américaine. Je comprends qu'elle occupe la pensée de tout un chacun là-bas, comme cela devrait l'être ici aussi si nous étions bien informés. Ce n'est pas vraiment un bon signe car cela veut dire aussi qu'aucun des deux candidats n'est porteur d'un espoir clair, lumineux et évident. L'avenir proposé reste donc incertain. Et, dans les conditions actuelles, pas seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour le reste du monde puisque, une fois encore, seule une vision à ce niveau est susceptible d'apporter des solutions aux problèmes réels auxquels chacun, où qu'il soit et quel que soit son âge se trouve confronté.


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