samedi 8 septembre 2007

Sciences citoyennes, le paradoxe

Comme vous pouvez le constater, je suis en train d'essayer de rattraper le retard dû à plusieurs semaines de "fracture numérique". Francis Pisani, encore lui, a publié une série de billets suite à un week-end passé chez Google pour assister à une réunion organisée par l'éditeur Tim O'Reilly à qui on doit le concept Web 2.0.

A propos de ce forum, SciFoo 07, Francis Pisani a donc publié un billet intitulé "La science citoyenne ?" qui m'a inspiré le commentaire suivant :

"En fait la question d’une science citoyenne renvoie à une étape cruciale de l’histoire de la connaissance humaine. Si il faut en croire Bertrand Saint-Sernin (La raison, “Que sais-je ?” p.98) le pas aurait été franchi à l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1941 avec le lancement du Manhattan District Project qui allait aboutir à l’invention de la première bombe atomique. Ce programme consacrait dans les faits la fin du concept de “l’honnête homme”, capable de maîtriser tous les savoirs pour comprendre sinon le monde du moins un domaine de la connaissance.


A partir de là, effectivement, tout devient compliqué parce que dans ces conditions, s’il n’y a plus de vision globale tout devient non seulement discutable et discuté y compris l’intérêt général, mais aussi ce qui permettait de trancher, à savoir l’autorité (encore elle !) qui a vu ainsi sa légitimité remise en question de facto au point de la rendre discutable elle aussi.

Face à une telle vacance, scientifiques et techniciens se sont empressés de ne pas traiter des solutions - qui impliquent des choix politiques et donc idéologiques - mais uniquement de problèmes ce qui évite effectivement de prendre des responsabilités mais amène à passer à côté de l’essentiel : l’avenir.

Mais cela n’aurait pas été trop grave si à ce premier évitement, la science et la technique n’y avait pas ajouté une couche supplémentaire visant cette fois à exclure tout ce qui pouvait relever de l’humain au prétexte que ce n’était pas mesurable. Au total, cela fait donc au moins une soixantaine d’années que les sciences et les techniques n’ont qu’un seul souci : développer des savoirs et des moyens dont l’homme est exclu et uniquement instrumentalisé tant au niveau de la famille qu’en société, au travail, à l’école…

Parler de science citoyenne relève du bon sentiment… Est-ce le rôle, la mission des scientifiques ? Est-elle possible dans la mesure où la science n’est pas fondée sur la réalité mais sur sa modélisation, c’est-à-dire sa réduction ? Dans ces conditions, la formule science citoyenne relève du paradoxe… même si dans l’idée, vu ses usages actuelles, cela relève effectivement de l’urgence. Mais là encore, la solution, en final, c’est le vrai problème, la question étant : Comment rendre dirigeable un monde sursaturé d’informations ? Car trop d’information ne ute pas l’information, mais l’action stratégique et politique.
"

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