vendredi 21 décembre 2007

Low cost ? Traduisez par : coups bas !


Dans la famille Beigbeder, donnez-moi le frère, Charles.

Le frère en question est le président de Poweo, une entreprise née des mesures libérales prônées par l'Europe au nom de la libre concurrence. Donc Poweo propose de fournir de l'électricité pour moins cher que le fournisseur "historique". Non pas au nom de l'économie, trop politique, mais pour faire des économies. Ce qui n'est pas la même chose. Et ce qui n'est pas mieux sinon pire, l'histoire récente prouvant qu'en matière de service public, ce genre de manipulation aboutit à une dégradation simultanée et de la qualité sur service rendu et des prix ! Et pour cause.

Parce que pour attirer l'homme d'affaires, il faut bien trouver le moyen de distinguer ce qui peut rapporter de ce qui peut coûter dans un service public. C'est le principe "Midas". On prend ce qui rapporte - le pot d'échappement, les freins, les amortisseurs... - et on laisse tout ce qui marge pas ou moins bien à l'atelier de mécanique général.

Moralité, c'est le métier de mécanicien qui finit par disparaître. Quand votre voiture ne marche pas bien, qu'elle gougloute, grince, couine ou pire qu'elle consomme trois fois plus d'essence qu'elle ne le devrait, essayez donc, aujourd'hui, de savoir pourquoi ? De trouver celui qui pourra, avec aisance, vous dire pourquoi et qui d'un geste étonnant d'aisance, mettra fin, à la situation d'inquiétude et de stress... et ce, souvent, pour ce que cela vaut : rien tant la "panne" est bête.

Notre Président et sa "clique" (le Gouvernement de la France à l'heure du clavier et de la souris) ne pensant qu'en termes quantitatifs (c'est nettement plus simple) comme le rappelle son fameux slogan : "Travailler plus pour gagner plus" qu'il rappelle avec tellement d'insistance qu'ici et là, on commence à se rendre compte des limites du propos, n'ont donc rien trouver de mieux, après le patron de la Fnac, de confier à un autre patron le soin de penser l'avenir de la société française.

Avouez qu'il faut vraiment être tordu dans sa tête pour penser que le métier de ces gens-là peut les conduire à penser en termes d'intérêt général, eux qui sont formés, recrutés, payés, jugés sur leur capacité à ne penser qu'en termes d'intérêts particuliers : à savoir leur intérêt à eux d'abord, ceux de leur entreprise, ensuite. Quant à l'intérêt de leurs clients et pire, celui de leurs employés, oubliez . Ils n'ont aucun sens sinon qu'en termes de profits possibles.

Au nom de l'efficacité - tout cela vole bien trop bas pour traiter, sur le fond et de façon vertueuse, de l'intérêt général et donc de l'avenir -, on peut donc compter - jusqu'à preuve du contraire - sur notre Président, sa clique et ces gens-là uniquement pour nous enfoncer, la société française et nous, un peu plus à chaque fois.

Je craignais donc le pire quand j'ai appris que Charles Beigbeder, le frère, avait pondu un rapport sur le pouvoir d'achat. Je n'ai pas été déçu !

Le titre du rapport en question "Low Cost, un levier pour le pouvoir d'achat" m'a tout de suite conforter... dans mon appréhension. Voilà une vision du pouvoir d'achat tirée par le bas parce qu'il ne faut pas se tromper, passé un certain cap -pas évident à déterminer il est vrai, mais c'est bien cette difficulté-là qui fait la noblesse des bons dirigeants - "pas cher" dit que cela ne vaut pas grand chose sinon rien de bien.

La première victime, évidemment, c'est le client. Les secondes (le pluriel s'impose hélas) ce sont ceux dont le travail vise à produire des biens et des services corrects. Dans la logique "Low Cost", ce qu'ils font ne peut être que méprisé car problématique : cela coûte ! Et comme ce qui "compte" ce n'est pas la qualité mais le bas prix il n'est pas difficile de deviner la suite. Le "Low cost" et ce rapport sonnent, à la fois, le glas pour les emplois et le respect des valeurs humaines, le glas aussi pour le pouvoir d'achat réel. Celui qui mesure le coût payé non pas pour de la crotte mais pour un produit et un service dont la qualité réponde aux besoins, aux attentes et, même, aux promesses.

"Si j'étais Nicolas Sarkozy...", je retournerais en... Chine pour y prendre une leçon ou deux et les appliquer. Etonnant à l'heure des rappels en masse de jouets ? Pas tant que ça. Suivez le guide...

Dans les années 80, la Chine s'ouvre sur l'étranger. En clair, fini de "compter exclusivement sur ses propres forces." La Chine s'adresse donc à l'offre internationale qui voit essentiellement le milliard de Chinois et pas le reste, c'est-à-dire la réalité... chinoise.

Ne disposant pas des connaissances techniques et économiques pour établir, d'entrée de jeu, des cahiers des charges pertinents, les Chinois,dans un premier temps, vont donc recourir au critère du prix. L'emporte le moins cher.

C'était sans compter sur la valeur d'appel que représente le marché potentiel chinois, et donc, l'offre occidentale s'est donc livrée à une surenchère telle que les Chinois ont fini par payer effectivement pas cher du tout des biens et des équipements qui valaient bien moins encore puisqu'ils ne marchaient pas !

Entre temps, les Chinois avaient appris et au critère du prix, ils ont ajouté l'efficacité et le rendement, s'occupant des résultats et moins des choses techniques et des prix en eux-mêmes et pour eux-mêmes.

"Si j'étais Nicolas Sarkozy..." ou plutôt, si nous étions Nicolas Sarkozy, la première chose à faire serait de changer de formule. Une fois encore, il s'agit moins de "Travailler plus pour gagner plus" parce que cela s'inscrit dans une logique de perdants que de "Travailler mieux pour vivre mieux" parce que l'important aujourd'hui, ce n'est pas tant le pouvoir d'achat en soi que le fait de vivre mieux. Car tant que l'objectif ne sera pas justement le vouloir vivre mieux, la question du pouvoir d'achat sera un vrai faux problème. Celui de toutes les manipulations et de toutes les hypocrisies.

La vraie question, aujourd'hui, est de savoir pourquoi on gagne toujours moins à faire et à exister. C'est la réponse actuelle à cette question qui fait que les choses sont de plus en plus cher. Parce qu'à faire appel uniquement à des hommes d'affaires, on finit par oublier que le bon prix est avant tout, le prix juste et que le prix juste n'est pas seulement économique, mais éthique. Un bon prix, un pouvoir d'achat juste, repose essentiellement sur le respect des clients, des consommateurs et des citoyens.

Ne cherchez plus l'erreur. Elle est là : ils se foutent de nous !

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