vendredi 30 novembre 2007

Cherchez l'erreur...

A force d'occuper la "Une" de tous les médias, le Président drogue littéralement un pays de plus en plus halluciné. Nicolas Sarkozy vit dans son monde. Du coup commenter l'actualité devient lassant. L'impression de se répéter sans cesse, de tourner en rond, est lancinante. Car l'ennui pour le pays et ses habitants, c'est qu'il est de plus en plus clair que le monde du Président, n'est pas le vrai monde. Celui que vit non seulement le pays mais aussi la planète. Et, c'est, il faut bien l'avouer, ce qui fait la force du Président. En effet, sa vision personnelle permet de déplacer les problèmes et donc de proposer des solutions là où personne ne pouvait en voir avant et pour cause. Sur le plan de la méthode, il n'y a rien à redire. Sur le plan pratique, cela permet de proposer des mesures et de faire "bouger les choses".

Mais faire bouger les choses ne constitue pas une fin en soi. Et c'est là où le serpent Sarkozy commence à se mordre la queue. Cet homme-là se trompe moins de valeurs que d'époque. Certes, il rassure en faisant appel à des repères passés mais cela l'amène à proposer comme solution ce qui, justement, fait problème.

Prenons l'adage présidentiel : "Travailler plus pour gagner plus !". A l'heure où depuis une dizaine d'années la grande question est de savoir ce qu'est le travail, c'est vraiment passer à côté de l'essentiel, à savoir le vrai problème. A force de vivre au quotidien les effets des nouvelles technologies sur les façons de travailler, tout le monde se rend bien compte que c'est la nature même de ce que l'on appelle le travail qui a changé aujourd'hui. Et ce n'est donc pas pour rien que l'on en vient à s'attaquer aux fondements mêmes des lois qui régissent les rapports des uns et des autres au travail, en général, et des salariés aux employeurs, en particulier.

Et pourtant, il n'y a pas vraiment besoin de sortir d'une grande école pour se douter qu'à l'heure des nouvelles technologies, ce n'est plus la force (physique, le travail), qui constitue l'essentiel de la production économique mais bien l'intelligence, c'est-à-dire, la pertinence de l'activité de chacun qui, dorénavant importe. Encore faut-il, pour que l'activité de chacun soit pertinente qu'elle puisse s'inscrire dans des visions partagées et des objectifs qui prennent en compte les besoins et les attentes de chacun et donc de tous.

Dans ces conditions, on voit combien la formule "Travailler plus pour gagner plus !" est paradoxale et pernicieuse car elle encourage à renforcer les causes de dysfonctionnement en bloquant le changement. S'il y a rupture dans la politique présidentielle, c'est moins avec les erreurs de ses prédécesseurs qu'avec la finalité même de l'action politique. Ce qui est en jeu aussi, contrairement à ce qui est dit, ce n'est pas tant le progrès que la victoire d'un point de vue sur les besoins et les attentes d'une société dans toute sa diversité.

Si le Président voulait vraiment faire avancer les choses pour le pays et ses habitants, son adage devrait être non pas "Travailler plus pour gagner plus", mais, à la rigueur "Travailler mieux pour vivre mieux".

Cela étant, l'adage "Travailler plus pour gagner plus" a le mérite de la clarté et de la cohérence. Il s'agit moins de convaincre que d'acheter l'opinion puisqu'en final ce programme ne peut aller que dans le sens d'une dégradation des relations au travail au profit de ceux à l'argent. Ceci donc au profit d'une minorité et au détriment du plus grand nombre. De toute évidence, le Président est prêt à y mettre le prix. Il est vrai que ce n'est pas lui qui paie, mais nous ! Quant au reste, tout ce qui pourrait améliorer la vie quotidienne de tout un chacun, n'en parler pas. Ça l'agace comme la question concernant la "police de proximité" pourtant réclamée par tous tant la violence s'étend sur le terrain dès lors que l'on organise le vide institutionnel dans un territoire (sur ce plan, la réforme Rachida Dati frise la haute trahison). Difficile de rester serein quand on voit ainsi une politique conçue et menée au plus haut niveau de l'Etat, celui où il est justement prévu de protéger les institutions républicaines, consistant à créer des vides territoriaux et ainsi encourager le développement de la délinquance et de la violence.

Dans ces conditions, je commence à me poser la question de savoir si, en final, ce Président n'est pas suicidaire !

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